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Le redoublement précoce pèse lourd dans le parcours scolaire 

 

Par Françoise Solliec

 

 

Mercredi 6 mai, le CRAP-Cahiers pédgogiques et la FCPE organisaient une soirée d’échanges sur le thème « Quelles alternatives au redoublement ? » Au-delà des expérimentations des enseignants, des analyses des chercheurs et des experts, il semble bien que seule une volonté politique cohérente puisse changer massivement des pratiques que beaucoup s’accordent à reconnaître inefficaces et inégalitaires.

 

Dans la deuxième table ronde qui donnait la parole aux experts, animée par Philippe Wattrelot du CRAP-Cahiers pédagogiques, Jean-Claude Emin, ancien secrétaire général du haut comité d’évaluation de l’école et sous-directeur de la direction de l’évaluation et de la prospective, a illustré le handicap lié au redoublement à partir d’études complémentaires à Pisa. Les élèves français de 15 ans, sont pour 57,8% d’entre eux « à l’heure », en 2nde GT ou pro. Ils sont en avance pour 2,5% et en retard pour près de 40% (5% étant encore en 4ème à cet âge). L’évaluation globale Pisa place la France dans la moyenne des résultats, mais si l’on se fondait uniquement sur les résultats des élèves en avance, les résultats français la mettrait en tête du classement, ce qui n’est guère surprenant. Il est plus intéressant de signaler qu’avec les seuls élèves à l’heure, les résultats se placeraient dans les premiers tandis que les résultats des seuls élèves en retard classeraient la France parmi les derniers pays. Il faut aussi garder en mémoire qu’une bonne partie de ce retard d’âge s’est constitué dès le cours préparatoire.

Dans les différents textes qui sont sortis sur le redoublement (l’avis 14 au hcéé notamment) les conclusions étaient claires. Il faut faire disparaître ou au moins limiter très sérieusement le redoublement précoce, inefficace pour les progrès des élèves, inéquitable (des taux variant de 0 à 33% ont été observés en CP) et stigmatisant pour la suite du parcours (le regard des enseignants n’est plus le même).

 

Se fondant sur la convergence de 2 études menées à 25 ans d’intervalle et décrites dans un article du Café pédagogique, Claude Seibel, ancien directeur du service statistique du ministère, a lui aussi insisté sur l’inefficacité du redoublement en CP. « La progression de l’élève n’est pas régulière », dit-il, « elle s’arrête, puis repart ». En 2005, le projet de loi mentionnait le redoublement comme dernier recours, mais le texte publié n’en faisait plus mention. La mise en œuvre de cette loi, avec « le découpage en rondelles » des objectifs du socle commun a été aussi catastrophique que celle de 1990. Pour aller à contre-courant, il faut absolument promouvoir une pédagogie de la réussite, car beaucoup ne croient pas que la réussite soit possible pour tous les élèves. Selon Claude Seibel, cela vient en partie de la formation que nous avons reçue, qui nos rend beaucoup plus capables de déceler les erreurs que les éléments de réussite. Les PPRE et une prise en compte des avis des chercheurs dans les programmes de formation initiale et continue des enseignants pourraient favoriser un changement de regard.

 

Malgré ces constats, pourquoi avance-t-on si peu sur la limitation des redoublements ? Selon Gilbert Longhi, proviseur du lycée Einstein à Sainte-Geneviève-des-Bois, attaquer le redoublement c’est mettre profondément en cause des représentations sur les exigences de l’enseignement et la nécessité de trier les élèves (« le redoublement, la maladie nosocomiale de l’école »). Il est aussi souvent vu par les familles comme la seule solution en cas d’orientation non désirée. De plus bien des dispositifs aleternatifs apparaissent en fait comme des redoublements déguisés, puisqu’elles se soldent souvent par une année supplémentaire pour l’élève. En fait, personne ne se sent investi d’une mission de longue durée pour promouvoir telle ou telle orientation de fond.

 

Pourtant, même si concrètement, la situation n’évolue guère, la question est beaucoup plus débattue tant dans l’opinion publique que dans les réflexions des cadres. Et ce n’est pas seulement pour des raisons budgétaires que la sphère politique prône la limitation du redoublement : les indicateurs construits par la DEPP et l’OCDE n’y sont pas traités à la légère. Mais un décret interdisant le redoublement apparaîtrait comme ridicule. Il faut donc souhaiter que de réels dispositifs alternatifs soient mis en place, avec un changement de conception du travail et des programmes annuels. « Il ya nécessité d’objectifs clairement établis et d’un pilotage pédagogique reflétant une vision cohérente redonnant courage aux enseignants engagés dans les expérimentations et l’innovation pédagogique » conclut Jean-Jaques Hazan, président de la FCPE.

 

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